Chaîne des Cités-Franches
Chaîne des Cités-Franches
Histoire de la Chaîne des Cités-Franches 1515-1839 PGC

À l’origine, les Citées-Franches appartenaient au Saint Royaume de Reinheim. Mais étant séparées du reste du pays par une chaîne de montagnes, la gestion de ces provinces côtières a toujours posé problème pour la Main du Pentagode. 

Les membres de la noblesse des Citées-Franches se disputaient depuis longtemps les ressources et le pouvoir disponible de ce côté-là des montagnes. Une longue tradition de coups bas et de traîtrises organisées se perpétuait afin de mettre à la tête des villes telle ou telle personnalité, tant et si bien que l’autorité religieuse, toujours présente, se fit lentement mais sûrement reléguer au second plan. La plupart des membres du Pentagode restaient bien entendu en fonction, mais soit c’était des hommes de paille, soit ils étaient corrompus jusqu’à l’os.

La grande force de ces provinces était leur accès à la mer. De nombreux petits navires permettaient déjà à l’époque le transport des marchandises dans les différents ports de la province. Le projet de construction d’une grande flotte avait tout d’abord été décidé en 1520 par le clergé lui-même, afin de permettre à la province de communiquer plus facilement avec le reste du Royaume et du continent sans compter qu’une des rares voies terrestres disponibles se trouvait sur les terres d’Aadleron. Il fallut une douzaine d’années pour achever le chantier et les dirigeants des Citées-Franches s’empressèrent de rentabiliser les coûts de construction en faisant largement commerce avec leurs voisins et leurs ennemis du passé. Bien entendu, une petite partie des recettes était reversée au clergé, mais les bénéfices remplirent surtout les poches des nobles et leur permirent d’avantage de corrompre les prêtres en place dans la province.

La Main du Pentagode s’interrogea sur le peu de finances qui lui revenait de cette campagne maritime. Elle envoya des représentants de l’autre côté des montagnes pour enquêter. Les représentants de la Main furent choqués de voir à quel point les Cinq Préceptes étaient pris à la légère dans la région côtière, et surtout de la part des représentants du clergé eux-mêmes. En effet, à force de luxe et de responsabilités déléguées, les prêtres de la province avaient perdu tout intérêt pour la gestion du pays.  

S’inquiétant des réactions du pouvoir central, les nobles prirent les devants et envoyèrent en retour des négociateurs au Saint Siège de Svellikaan afin de gagner leur indépendance. A l’aide de la fortune colossale qu’ils avaient emmagasinée en peu de temps, ils parvinrent à signer un traité avec le Pentagode en 1568 et rachetèrent la majorité de la flotte du Saint Royaume. La Chaîne des Cités-Franches était née.

Ce fut une grande célébration dans tout le pays, car les artisans et les artistes de cette province se sentaient bien trop limités par les principes rigides de la religion du Pentagode. Mais les nobles ne parvinrent pas à s’entendre sur le nouveau mode de gouvernement à adopter pour diriger la jeune nation. S’en suivit une guerre civile entre les villes principales. Le conflit pris fin en 1570, les dirigeants réussirent à se mettre d’accord : chaque grande cité serait gouvernée de façon autonome et les maîtres de chaque cité, les Ducs, se réuniraient quatre fois dans l’année afin de prendre les décisions concernant l’ensemble du pays, ce qu'on appellerait "le consortium". Ainsi chaque noble avait les mains libres pour administrer son duché comme il l’entendait et cela permettait de stimuler l’économie grâce à une farouche mais saine concurrence entre les grandes cités. Les quatre premières Cités Etats de la Chaîne étaient Milania, Veniccia, Verona et Filosofia.

La Chaîne put donc reprendre son commerce florissant. Privé des ressources de Reinheim, les marchands durent compenser et aller chercher celles-ci dans les autres pays. Ils devinrent vite les indispensables intermédiaires et convoyeurs de marchandises entre les pays qui ne s’entendaient pas – Aadleron et Reinheim pour ne citer qu’eux – et ceux trop éloignés les uns des autres, comme les Isles Indépendantes et Ursia.

Les marins des Cités-Franches gagnèrent en expérience. En 1623, le navigateur Marco Stretto entreprit de traverser la mer et d’explorer le méconnu continent voisin. Il y rencontra les « sauvages » populations à la peau sombre qui y vivent et fit commerce avec elles. Malheureusement il ramena dans ses soutes une maladie alors inconnue, la Decrepitia, qui marquera un tournant dans la culture de la Chaîne.

Le vecteur que ramena Marco Stretto avec lui était un fruit exotique. Certains de ces fruits abritaient les larves minuscules d’un insecte parasite. Le délicieux fruit fut d’abord présenté à la noblesse qui s’en régala, avant d’être distribué à la plèbe. Cela pris un certain temps avant que les parasites n’atteignent un certain stade de leur croissance et que le résultat devienne visible. En fait, la larve de la Decrepitia, une fois absorbée par un organisme, va se loger dans l’épiderme de son porteur. Une fois qu’elle s’est suffisamment nourrie, elle engendre un vieillissement prématuré de la peau, qui se met à se flétrir et à pendre avant de tomber en lambeaux purulents. Les larves tombent avec ces morceaux de peau et poursuivent leur développement en dehors de l’organisme parasité pour donner naissance à une sorte de frêle et minuscule mouche, qui va pondre dans un nouveau fruit après s’être reproduite avec une congénère. La peau du parasité se reforme au bout d’un certain temps, mais pendant une période de plusieurs mois, la victime est défigurée et souffre atrocement de ces mutilations. 

La première personne à être atteinte de la Decrepitia fut le mécène Don Alfonso Di Claro, Duc de la Cité de Veniccia, auquel Stretto avait offert les premiers fruits. Pris d’horreur, ne comprenant pas ce qui arrivait à sa peau et surtout son visage, il se cacha derrière un somptueux masque richement décoré. Sa cour fut d’abord étonnée de ce comportement, mais très vite, ce qu’on prenait pour une lubie devint une mode et les courtisans se mirent eux aussi à porter des masques. Parmi le peuple, certaines personnes contractèrent également la maladie et se couvrirent le visage pour éviter de dégouter ou d’apeurer leurs relations.

On comprit très vite se qu'il se passait, qu’une nouvelle maladie s’étendait progressivement dans toutes les couches de la population. Parmi le bas peuple, la rumeur courut qu’il s’agissait d’une maladie vénérienne et qu’elle touchait tous les nobles aux mœurs volages, c’était pour cela qu’ils portaient tous des masques depuis peu. Mais comme la maladie se répandait malgré tout, chaque habitant en vint à porter un masque, ne serait-ce que pour éviter d’être contaminé par les infectés.

On ne découvrit la mouche de la decreptia qu’une douzaine d’années plus tard. Le fait de porter un masque était entré dans les mœurs et chacun personnalisait le sien en fonction de ses moyens. Certains artisans arboraient les symboles distinctifs de leur profession, diverses formes et matières étaient utilisées pour identifier facilement la personne qui se trouvait derrière le masque et qu’on ne la confonde pas avec quelqu’un d’autre. Il fallut encore une dizaine d’années aux médecins pour trouver un moyen efficace de lutter contre le parasite, qui fut éradiqué du pays. D’ailleurs, la mouche de la decreptia ne migra pas dans les autres pays du continent. Les scientifiques pensent que l’insecte n’y trouvait pas de fruit adéquat pour y pondre ses œufs, ou que le climat ne lui convenait pas. 

Néanmoins, la tradition de porter le masque constamment se perpétua. C’était devenu un symbole de rang social et de richesse dans un pays hautement dominé par l’argent et le commerce. Personne ne retire son masque en public, cela équivaudrait à se montrer nu devant tout le monde dans une autre culture. Lorsqu’une personne meurt, on conserve désormais son masque qui est accroché dans la demeure de la famille comme une relique, un hommage aux ancêtres. Le corps du défunt est systématiquement brûlé, un autre ancien réflexe dû à la Decrepitia

En 1705, Aven mit au point le premier moteur à vapeur. Flairant immédiatement le potentiel d’une telle découverte, les marchands de la Chaîne Cités-Franches rachetèrent pour une petite fortune le prototype à ses deux inventeurs. Les ingénieurs de la Chaîne parvinrent difficilement à reproduire l’appareil et le résultat était alors trop volumineux pour permettre de construire d’autres véhicules terrestres. Néanmoins, ils utilisèrent leurs nouvelles connaissances pour construire de nouveaux navires plus rapides et enfin moins soumis aux caprices du vent. Le premier navire à vapeur à prendre le large fut le célèbre Donna Vincenzina, en 1738.

Le succès des navires à vapeur dopa une fois de plus les recettes des marchands de la Chaîne, qui purent dès lors livrer des marchandises périssables dans des temps records. Toutefois, certains marchés restaient inaccessibles aux Citées-Franches, n’ayant pas d’accès direct à la mer. Pour remédier au problème, les scientifiques de la Chaîne eurent l’idée de mettre au point un véhicule de grande puissance capable de se déplacer sur terre. N’ayant pas accès aux techniques de miniaturisation des moteurs développées par Aven pour leurs automotives, les ingénieurs francs-citadins durent se contenter des moteurs de bateau qu’ils avaient déjà. L’infrastructure nécessaire pour déplacer ce genre de machine sur terre nécessita de construire une véritable route de fer, une voie constituée de rails passant les obstacles et éliminant l’irrégularité de la route.

Les ducs réussirent à convaincre les différents pays du bienfait qu’apporterait leur voie ferrée à tout le monde. Avec l’accord des gouvernements et une partie de leur financement, la Chaîne des Cités-Franches commença la construction du chemin de fer qui eut pour objectif la liaison de tout le continent à des fins économiques et marchands. La voie fut inaugurée en 1773. Le train qui y circule encore est tellement imposant qu’il transporte avec lui l’équivalent d’une ville entière, avec son comptant d’artisans, marchands et soldats pour défendre le convoi. Cette ville itinérante, Ferrovia, devint la cinquième Cité-Franche de la Chaîne.

 

Résumé - 1815 PGC

Constituée de cités-états, la Chaîne connait un succès économique sans précédent grâce à son monopole sur le transport des marchandises entre les différentes nations de Nibelwelt. Après avoir racheter les brevets des premiers moteurs à vapeur aux savant d'Aven, la Chaîne s'est constitué une impressionnante flotte marchande et a même mis sur rail l'incroyable Ferrovia. Cette cité-convoi sillonne tout le continent et constitue le premier chemin de fer de l'Histoire.

Les habitants des Cités-Franches sont d'intrigants politiciens, adeptes de toutes les bassesses autorisées par leur code de bienséance, de l'usurpation à l'assassinat, pour se voler mutuellement le pouvoir. Les cités se livrent une concurrence féroce afin d'accroitre encore les caisses du pays.

Il y a une étrange particularité qui frappe quiconque rencontre les membres de la Chaîne ; ils portent tous un masque en toute circonstance, décoré en fonction de leur statut social et de leur profession. C'est une vieille coutume selon eux, et il leur est inconcevable de se présenter sans masque, comme il l'est à chacun de se promener sans vêtement.

 

Propagande - 1815 PGC

A quoi sert le savoir, si ce n'est pour le pouvoir? A quoi servent les armes, si l'on peut acheter les bras qui les tiennent? A quoi sert l'oppression, alors que la libre entreprise donne plus de résultats que n'importe quel fouet?

La Chaîne des Cités-Franches répond chaque jour à ces questions, et à bien d'autres encore. Chaque cité autonome gère ses ressources à sa manière, et les coffres de ses banques témoignent de la réussite de ce système ingénieux.

Par la mer, par la voie de fer et bientôt par les cieux, la Chaîne achemine et échange les chargements de chaque pays, et cherche bien entendu le bon développement de chacun. Car des pays qui se portent bien, ce sont des ressources qui se transportent mieux !

Qu'importe la fade politique extérieure alors que les intrigues de nos cours sont tellement plus distrayantes. Les têtes dansent et roulent au rythme du tintement des monnaies et les masques ne tombent jamais. La vie n'est qu'un jeu de plus, après tout.

 

De 1815 à 1839 dans la Chaîne des Cités-Franches

Après les événements de l’Extraordinaire Exposition d’Aven, la Chaîne des Cités-Franches se développa une fois de plus. Les marchands avaient obtenu des plans et recueilli certains ingénieurs extrêmement qualifiés et ainsi, ils développèrent de nouveaux zeppelins. Ces modèles, de plus en plus grands et volant sur de plus en plus longues distances permettraient finalement de  transporter des marchandises ainsi que des personnes de manière plus rapide que par Ferrovia ou que sur mer. Jusqu’en 1834, la CCF prospéra. Un programme pour emmener Ferrovia de Blovastok à Kemlingrad fut lancé et la première ligne de long courrier fut ouverte entre Verona et Victopia. C’est finalement suite au crash du vol inaugural de la ligne Verona-Kemlingrad que les Ducs et Duchesses entreront dans une période financière délicate. Les chantiers du chemin de fer allaient être sans cesse perturbés et ce, notamment dès  1836, lorsque la République libre de Sanotskaïa fit l’acquisition de terrain dans les Steppes et interféra considérablement au passage de Ferrovia sur ces terres. La réunification des Tribus Tatanka rendra, elle aussi, de plus en plus compliqués certains marchés qui avaient toujours volontiers collaboré avec la CCF. En 1838 la ligne de Ferrovia fut acheminée jusqu’à Kemlingrad. Hélas la Cité-Etat locomotive ne pouvait traverser ni la République libre de Sanotskaïa, ni le territoires des Steppes.

La Capitale reinheimer Svellikaan étant tombée face aux rebelles pro-technologistes, le Duc Antonio Valda di Milania, avec l’accord du Consortium des Marchands de la Chaîne des Cités-Franches, lancera un appel à tous les leaders mondiaux afin de se réunir dans son nouveau Centre de Recherches Scientifiques et Médicales afin de débattre des différents problèmes touchant le Nebelwelt en 1839.